Après plusieurs années de croissance soutenue, le marché de l’emploi des cadres en France connaît un net ralentissement. Selon les données publiées par l’Association Pour l’Emploi des Cadres (Apec), les recrutements de cadres ont chuté de 8 % en 2024, atteignant 303 400 embauches, et devraient encore reculer de 4 % en 2025, pour s’établir à 292 600.
Ce recul ramène les recrutements sous la barre symbolique des 300 000, un seuil qui n’avait pas été franchi depuis plusieurs années.
Un recul multifactoriel
Plusieurs éléments expliquent ce retournement de tendance. L’incertitude économique, alimentée par des tensions géopolitiques et une croissance mondiale atone, incite les entreprises à adopter une posture prudente en matière d’investissements et de recrutements. La baisse des investissements des entreprises, prévue à 0,5 % en 2025 après une diminution de 1,2 % en 2024, reflète cette attitude attentiste .
Les jeunes diplômés en première ligne
Si tous les secteurs et régions sont concernés par cette baisse, les services à forte valeur ajoutée, traditionnellement moteurs de l’emploi cadre, sont particulièrement affectés. Les activités informatiques, l’ingénierie et la recherche et développement enregistrent une diminution notable des recrutements. Le secteur informatique, qui représente une part significative des embauches de cadres, connaît quant à lui une baisse de 18 % des recrutements.
Les profils débutants et les jeunes diplômés, sont les premiers touchés par cette contraction du marché. Selon l’Apec, les recrutements de cadres ayant moins d’un an d’expérience ont chuté de 19 % entre 2023 et 2024, et une nouvelle baisse de 16 % est anticipée pour 2025, avec seulement 41 000 embauches prévues pour cette catégorie. Cette situation risque d’accentuer les difficultés d’insertion professionnelle pour les nouvelles promotions de diplômés.
Retournement de tendance
Dans ce contexte, le rapport de force sur le marché de l’emploi semble s’inverser en faveur des employeurs. Les entreprises, moins confrontées à des difficultés de recrutement qu’au cours des années précédentes, sont moins enclines à faire des concessions en termes de rémunération ou de critères de sélection.
Hello Workplace elève qu’en 2024, 41 % des entreprises ont augmenté la rémunération proposée pour attirer des candidats, contre 51 % en 2023. De même, elles sont moins nombreuses à recruter des profils avec plus ou moins d’expérience que celle initialement requise.
Perspectives pour 2025
Les prévisions pour 2025 indiquent une poursuite de cette tendance baissière, bien que le niveau d’emploi cadre continue de progresser légèrement grâce aux promotions internes. Néanmoins, le marché offre moins d’opportunités, rendant la mobilité professionnelle plus complexe. Les entreprises restent prudentes, et les candidats doivent s’adapter à un environnement plus compétitif, où les exigences des recruteurs sont renforcées.
Après une période faste, le marché de l’emploi des cadres en France entre donc dans une phase de consolidation, marquée par une diminution des recrutements et une concurrence accrue pour les postes disponibles. Les jeunes diplômés et les cadres en quête de mobilité doivent redoubler d’efforts et de flexibilité pour s’adapter à cette nouvelle donne.