La question des déserts médicaux en France a récemment fait l’objet d’avancées significatives. Le 2 avril 2025, l’Assemblée nationale a adopté un article clé d’une proposition de loi transpartisane visant à réguler l’installation des médecins sur le territoire national.
Un enjeu de santé publique majeur
Selon le député socialiste Guillaume Garot, initiateur de la proposition de loi, six millions de Français sont sans médecin traitant, et huit millions vivent dans des zones considérées comme des déserts médicaux. Cette inégalité géographique crée un « sentiment délétère pour notre République qui a failli dans sa promesse d’égalité de tous devant la santé ».
Les mesures adoptées par l'Assemblée nationale
L’article adopté introduit un « indicateur territorial de l’offre de soins », mis à jour chaque année. Cet indicateur prendra en compte le « temps médical disponible par patient » ainsi que « la situation démographique, sanitaire et socioéconomique du territoire ». Cette mesure vise à mieux orienter les installations des médecins en fonction des besoins spécifiques de chaque région.
Les débats sur le reste du texte sont prévus pour début mai 2025.
Un dispositif controversé
La question de la contrainte à l’installation des médecins suscite des débats houleux. Le Premier ministre François Bayrou a exprimé son soutien à la régulation de l’installation des médecins, une position inattendue pour certains acteurs du secteur de la santé.
Cependant, des propositions plus coercitives, comme l’instauration d’un « service médical national » obligeant les jeunes médecins à exercer dans des zones sous-dotées, ont été rejetées par le gouvernement. La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a suggéré que l’Ordre des médecins pourrait jouer un rôle dans cette régulation, une idée que l’ordre a fermement rejetée.
D'autres initiatives mises en avant
Face à la pénurie de médecins, des solutions innovantes émergent. Par exemple, la start-up Sym Optic propose des examens de vue dans des camions aménagés, se déplaçant dans les zones rurales pour offrir des services ophtalmologiques. Cependant, cette initiative a suscité des plaintes de la part des ophtalmologues, qui estiment que Sym Optic ne respecte pas les règles de la télémédecine.
De même, Healphi, une start-up marseillaise, offre des solutions de télémédecine aux collectivités et aux professionnels de santé, notamment des cabinets de téléconsultation dans les déserts médicaux. Ces initiatives visent à améliorer l’accès aux soins dans les zones sous-dotées en professionnels de santé.